Emergence: l’explication
Nous avons vu dans l’article Emergence: le principe qu’un premier indice pour comprendre des phénomènes émergents est de s’intéresser à l’organisation des parties des systèmes. Mais ce n’est pas suffisant pour tous les décrire, certains ne sont pas causés par une structure. Reprenons l’exemple précédent et cherchons à abstraire ce qui s’y passe.
Intéressons-nous à un des petits poissons : Patrick. Patrick sait comment se positionner en fonction des autres. C’est donc l’emplacement des autres poissons qui détermine la position qu’il doit adopter. On peut donc dire que le positionnement des poissons génère une contrainte sur Patrick pour l’obliger à se positionner d’une certaine manière.
Cependant, la génération de contraintes entre les poissons, ne suffit pas à comprendre l’émergence d’une structure qui permette de repousser un requin, il manque une notion essentielle : la clôture. En effet, même si des contraintes sont générées pour ordonner les poissons d’une manière, il n’y a pas de garantie que la structure tienne dans le temps. Imaginez qu’au fur et à mesure de l’organisation des poissons, une nouvelle configuration perturbe le positionnement du premier poisson, qui perturbe le second et ainsi de suite… Nous verrions une succession d’organisation plutôt qu’une seule !
C’est ici que la notion de clôture intervient. Les contraintes doivent être auto-générées, c’est à dire que chaque contrainte du système doit être générée par une autre contrainte du système. La mise en place d’un nouveau poisson doit générer une contrainte qui permet au premier poisson positionné de rester là où il se trouve.
On a donc abstrait notre compréhension de l’émergence d’une fonction. Plutôt que de décrire les phénomènes émergents par une structure, nous avons vu qu’ils sont en fait générés par une clôture de contraintes.
Pour information, l’étude des phénomènes émergents est si récente que cette compréhension date seulement de 20151.
Pour comprendre la puissance que la clôture des contraintes peut engendrer, je vous invite à aller voir l’article sur le jeu de la vie.
Bibliographie
[1] : Montévil, M., Mossio, M., Biological organisation as closure of constraints. J. Theor. Biol. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jtbi.2015.02.02